POURQUOI HAUBANER LES ARBRES?
Le facteur le plus important associé à la longévité d'un arbre est sa structure. En matière de défauts structurels, l'accompagnement de vos arbres lors de leur développement constitue la meilleure option afin de les prévenir: en procédant à une sélection rigoureuse des meilleures branches charpentières et le retrait des éléments de fourches problématiques par un élagage de formation soutenu, l'arbre sera protégé contre d'importantes blessures au cours de son développement.


À défaut d'élaguer lorsque jeunes les éléments de fourches problématiques, l'installation de haubans représente dans bien des cas la seule option possible: passé un certain stade du développement de l'arbre, le retrait de branches à fort diamètre s'avère extrêmement invasif pour les arbres et comporte des risques importants pour leur avenir.
Une structure parfaite se caractérise par un défilement de tronc unique et des branches charpentières bien hiérarchisées, s'insérant au tronc avec un angle le plus ouvert possible et bien réparties entre elles autour du tronc. Tant que les branches demeurent des branches et qu'elles ne compétionnent pas avec le tronc, devenant elles-mêmes un autre tronc, l'équilibre demeure et le problème de codominance ne se posera pas. L'illustration suivante en est un exemple parfait, sur une période de 5 ans.

Cette domination de l'arbre sur ses branches charpentières se nomme dominance apicale. Assurée par des hormones (auxines) présentes dans le bourgeon terminal (apex), cette dynamique fait en sorte que l'apex pousse plus vite et plus longtemps que ceux situés en dessous de lui, assurant ainsi sa dominance sur les autres bourgeons : c'est pourquoi il est plus gros, plus dodu, et aussi pourquoi les bourgeons axillaires justes en dessous sont plus petits et s'insèrent au tronc avec un certain angle.
Cette hiérarchie au sein de l'arbre agit un peu comme un agent de la paix et permet une croissance équilibrée entre les branches et leur tronc. Tant que l'arbre peut reproduire ce modèle lors de son architecture, il prolongera de facon significative sa durée de vie.
Les 2 photos suivantes illustrent l'apex et les bourgeons axillaires, plus petits et s'insérant au tronc avec un angle parfait, et leur évolution en branches bien hiérarchisées quelques anées plus tard.


Par contre, si l'apex est retiré ou meurt et laisse les 2 bourgeons axillaires sous-jacents se développer en codominance, il est presque certain qu'au fil du temps ce défaut évoluera vers une faiblesse structurelle majeure. Si la situation n'est pas corrigée rapidement, de forts vents ou un verglas causeront la rupture d'un des deux parties codominantes de notre arbre et la blessure subséquente condamnera la partie subsistante à l'abattage dans un futur rapproché.
Pourtant, au tout début du phénomène de codominance, il ne suffit que d'un coup de sécateur ou de scie à main pour régler le problème: un simple élagage de restructuration permettra le retour à la normale et une croissance future équilibrée de l'arbre par sa dominance apicale. À ce stade, la blessure liée au retrait de la branche produit rapidement un bois de guérison et la croissance de l'arbre pourra continuer comme si rien ne s'était passé.
Les 2 photos suivantes illustrent une codominance suite à la perte de l'apex. À ce stade, il est encore temps de restructurer notre arbre sans causer une blessure importante.


Toutefois, passé un certain stade, l'élagage n'est plus une option viable parce-que le diamètre de la branche en défaut est trop grand et son retrait serait donc extrêmement invasif: plus le diamètre d’une branche coupée est important, plus longue en sera la cicatrisation au niveau du tronc. Parallèlement, le compartimentage de la zone de carie (dépolymérisation de la lignine) à l'intérieur du tronc sera très complexe, voire impossible dans certains cas, par exemple lorsque l’on coupe une branche charpentière aussi grosse, ou presque aussi grosse que le tronc lui-même.
La blessure résultante affectera la résistance mécanique de l'arbre, altèrera sa capacité à se nourrir par la photosynthèse (le pourcentage de masse raméale et foliaire supprimée ne pouvant plus capter la lumière du soleil) et prédisposera les tissus vivants du tronc nouvellement exposés à l'insolation: les tissus du tronc qui ont toujours été protégés du soleil au fil du temps ne résistent pas à une exposition subite aux rayons du soleil, ce qui cause une nécrose des tissus du cambium et d'importantes complications par la suite.
Les 2 photos suivantes illustrent des cas où le retrait de la partie codominante causerait une blessure très importante et certaines complications. Passé ce stade, seuls les haubans permettront la conservation de l'arbre et la prévention d'une blessure complexe.


Heureusement, les haubans représentent une solution fiable à ce problème, si et seulement si ils sont installés conformément à la masse qu'ils doivent soutenir, avec des matériaux normés (BNQ) et bien adaptés à chaque situation, selon certaines règles et, le plus important, selon la condition de l'arbre. De plus, suite à leur installation, la gestion des risques associés à la conservation de l'arbre incombe autant au propriétaire de l'arbre qu'à celui qui les prescrit et les installe.
Finalement, la branche problématique retenue par le hauban est souvent associée à une blessure au niveau du tronc central: il faut donc suivre l'évolution de cette blessure et de la condition du tronc afin de s'assurer qu'il peut encore supporter la branche haubanée. Leur prescription et leur installation reposent donc sur une vaste expérience et un grand jugement.
Haubans dynamiques BOA
L'approche la moins invasive et la plus respectueuse de l'arbre est une invention allemande, le hauban BOA. Constitué de polypropylène, l'installation ne nécessite pas le forage du tronc comme l'approche traditionnelle. Il est conçu pour être ajusté à la croissance en diamètre du tronc de l'arbre, permettant ainsi la continuité de la formation du bois de réaction, essentielle à une bonne résistance mécanique. Cette fonction n'est pas possible avec l'approche traditionnelle car les haubans en acier sont statiques, donc sous tension, tandis que le BOA est dynamique et sans tension, mais pourvu d'un dispositif qui permet d'absorber les chocs lors de sa mise sous tension par l'action de forts vents.

